La France dans le G7 ou dans le tiers monde du siècle numérique ?

Publié le 9 Septembre 2015

Jean-David Chamboredon appelle la France à changer de business model pour sortir gagnante de la révolution numérique
Jean-David Chamboredon appelle la France à changer de business model pour sortir gagnante de la révolution numérique

L’association France Digitale dont ISAI est membre fondateur organise son « FDDay #3 » le 15 septembre prochain au Carreau du Temple de midi à minuit. Cet événement intitulé « Battle for greatness » est très certainement le plus important de cette fin d’année pour l’écosystème digital Français. Cet appel à une participation ambitieuse à la « bataille » est évidemment de bon aloi. Il s’agit bien, en effet, d’une compétition, d’une bataille (voire parfois d’une guerre) dans laquelle nous sommes engagés et dont nous ressortirons soit vainqueurs, soit défaits… Par Jean-David Chamboredon, Président-Exécutif d'ISAI Vice-Président de France Digitale.

La France figurera-t-elle fièrement dans le G7 du siècle numérique qu'est le 21e siècle ou souffrira-t-elle durablement dans le ventre mou (voire le tiers-monde) d'un monde économique où toutes les cartes auront été rebattues ?

C'est la question qui est posée : les acteurs de la French Tech en sont hyper-conscients quand politiques, médias, grandes entreprises et la population commencent à appréhender l'importance cruciale de cette "bataille..."

Alors que les marchés boursiers sont chahutés, alors que certains annoncent déjà la fin du cycle économique fantastique que connait l'industrie de la "tech" depuis 5 ans, alors que, par ailleurs, d'autres crient au loup contre une potentielle "uberisation" de la société, nous avons la conviction que l'opportunité présente est "séculaire" et que la capacité que nous aurons à embrasser ou non cette révolution inéluctable et irréversible sera décisive pour le destin de notre cher pays. Alors que la croissance du PIB Français au second trimestre 2015 est nulle, alors que le chômage continue à progresser, alors que pourtant, depuis un an environ, la ligne économique du Président de la République et de son gouvernement se veut « pro-business » et n'est plus entachée par des « couacs anti-business » (ravageurs en termes de confiance), nous avons la conviction qu'il nous faut vraiment changer de braquet et prendre la mesure des changements lourds qui sont absolument nécessaires.

La querelle des Anciens et des Modernes ?

« Battle for greatness » est un très beau slogan. « Battle for growth », «battle for real change », « battle for the new generation », « battle for the future »... représentent aussi la même et unique bannière derrière laquelle nous sommes mobilisés ! Une association comme France Digitale n'a pas pour rôle de « faire de la politique ». Elle pourrait se contenter d'être un « lobby » ardent défenseur des intérêts bien compris de ses membres. Elle est, ceci dit, le représentant d'une communauté micro-économique qui se trouve à l'épicentre d'une transformation (voire révolution) socio-économique et elle se doit, pour cette raison, à la fois de témoigner et d'être force de proposition.

L'affrontement idéologique droite-gauche qui régit la vie politique Française est une réalité totalement dépassée : l'échiquier politique voit, en réalité, aujourd'hui une nouvelle forme de clivage entre les centres et les extrêmes (qu'ils soient de gauche ou de droite). De même, l'appréhension du monde d'aujourd'hui par nos concitoyens révèle deux grands camps : en caricaturant, d'un côté, des « baby-boomers » nostalgiques des trente glorieuses ayant baigné depuis leur naissance dans une (in-) culture économique moraliste, collectivo-colbertiste et souvent malthusienne - de l'autre, la « génération Erasmus » ouverte sur l'Europe et le monde, n'ayant connu que crise et chômage et, par conséquence, faiblement idéologisée et ultra-pragmatique qu'elle se sente acteur ou victime des changements économiques majeurs connus par la planète durant ces dernières décennies.

Trouver un projet économique innovant

Cette fracture générationnelle peut paraître inquiétante et paralysante : elle l'a été jusqu'alors car notre personnel politique ne s'est, en fait, adressé qu'à cette « génération Concorde » (largement majoritaire au sein du corps électoral) lui promettant en toute démagogie que tout allait aller « redevenir comme avant »... La « génération internet » paiera la retraite, la fin de vie et les dettes publiques laissées par la génération précédente et tout ira bien !

Cette fuite en avant s'achèvera, en réalité, à la plus proche des deux dates (peut-être simultanées) : la faillite de l'Etat Français (ou de ses systèmes de protection sociale) ou un changement politique brutal dont la forme reste inconnue mais dont l'échéance se rapproche au vu l'évolution démographique du corps électoral...

Anticiper ce chaos est parfaitement possible. Il suffirait pour cela de vendre à nos « minitellistes » un projet convaincant et positif qui offre une véritable perspective aux « digital natives » que sont leurs enfants et petits-enfants !

Le projet se doit d'être avant tout économique.

La France doit changer son « business model », effectuer un « pivot », mobiliser du capital, innover, itérer, « exécuter » pour s'affirmer comme une puissance du 21e siècle.

La France doit passer du statut de « living dead business » à celui de « successful venture » !

Changer de business model

Cela passera par de multiples changements à mettre en œuvre dans un cadre
qui se doit d'être à la fois Européen et national. Les questions posées (liste non exhaustive) : Quel marché Européen (consommation, travail, financement...) pour nos
entreprises et nos concitoyens permettant à l'Europe de rivaliser avec les
autres grandes puissances ? Quelle refonte (incluant une baisse sensible des prélèvements obligatoires) mettre en œuvre pour rendre notre modèle de « transferts sociaux » à nouveau solvable ?

Quelle fiscalité sur le capital, le patrimoine, le travail, les entreprises pour changer radicalement notre image de pays « surfiscalisé » et « inattractif » ? Quid, par exemple, d'une véritable mobilisation « productive » de l'importante épargne individuelle que notre pays a la chance de receler ? Comment développer véritablement le marché du travail en combinant harmonieusement « salariat moderne » et une montée en puissance inéluctable de « l'entrepreneuriat individuel » ? Comment finalement faire adhérer tout un chacun à une vision « bottom up » où l'acteur micro-économique (entrepreneur, investisseur, salarié, consommateur...) devient un véhicule « auto-propulsé » au lieu d'être l'un des wagonnets d'un train devenu trop lourd pour ne pas dérailler ? Le chantier est immense, les enjeux sont décisifs et nous pouvons tous contribuer à la construction de cette France 4.0. Le débat ne fait que démarrer.

Il nous semble que l'opinion publique y est dorénavant prête...

source : http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/la-france-dans-le-g7-ou-le-tiers-monde-du-siecle-numerique-503422.html

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