Mike HORN : Vouloir toucher les étoiles

Publié le 9 Octobre 2015

Mike HORN : Vouloir toucher les étoiles

Le baroudeur Mike Horn, 49 ans, est unique au monde. Et pas forcément parce qu'il a suivi sur 40 000 km l'équateur à la voile, en pirogue, à pied et à vélo, n'hésitant pas à chasser le caïman pour ne pas crever de faim. Ce Sud-Africain parle français avec un drôle d'accent suisse, celui du canton de Vaud, là où il a posé son sac à dos il y a un quart de siècle. Vous en connaissez beaucoup, des gars de Johannesbourg qui disent « septante » et « tip-top » ? Incapable d'abdiquer C'est aussi une des rares personnes à vous écrabouiller la paluche et vous déboîter l'épaule avec un large sourire quand il vous salue. Mais c'est surtout un homme qui ne pleure jamais, parce que « l'énergie des larmes peut être utilisée à autre chose, à nourrir l'espoir ». Il est incapable d'abdiquer. Même lorsque ses doigts gèlent sur la banquise ou qu'une morsure de serpent le fait délirer durant quatre jours dans la jungle amazonienne. Mister Horn est un battant, une machine de guerre, un dur au mal qui distille ses tuyaux de survie aux naufragés cathodiques de l'émission « The Island » sur M 6. Un Iron Man invincible, donc. Enfin, c'est ce que l'on a longtemps cru. Jusqu'à ce qu'« une saloperie de maladie », un cancer généralisé, terrasse en février son amour éternel, sa femme néo-zélandaise. Il n'a pas eu le choix, il s'est incliné. « Quand Cathy est partie, pour la première fois de ma vie, je me suis senti vaincu parce que je n'ai pu avoir d'emprise sur ce destin », confie-t-il, de passage cette semaine à Paris à l'occasion de la sortie de son nouveau livre.

En 2005,Mike Horn avait entraîné avec lui sa femme, Cathy (disparue en février dernier), et ses deux enfants, Jessica et Annika, dans le Grand Nord canadien. (Photo Didier Laffond.)

En 2005,Mike Horn avait entraîné avec lui sa femme, Cathy (disparue en février dernier), et ses deux enfants, Jessica et Annika, dans le Grand Nord canadien. (Photo Didier Laffond.)

Il a pourtant essayé de « raisonner Dieu » afin de réparer cette « injustice ». « Je lui ai dit : C'est moi qu'il faut prendre, c'est moi qui m'expose au danger », raconte-t-il. Sa supplique aux cieux n'a pas été entendue. Le roc est toujours parmi nous. Mais il s'est fissuré, humanisé. « J'ai compris ce que les gens endurent quand ils se sentent inutiles, quand ils broient du noir », décrit-il. Depuis qu'il cavale, Mike l'extraterrestre aurait pu s'éteindre « dix fois ». « J'ai eu beaucoup de chance, même si la chance, il faut savoir la provoquer », nuance-t-il. Le fonceur collectionne les épreuves. « Je n'ai pas peur de prendre des claques. Au cours de mes expéditions, je suis sans cesse dans la mouise, c'est juste la profondeur qui change », s'esclaffe-t-il. En 1984, engagé dans les forces spéciales sud-africaines en guerre contre l'Angola, le lieutenant Horn voit des frères d'armes sauter sur des mines. « Dès 18 ans, je connaissais la différence entre la vie et la mort. Parce que la mort, je l'ai vue de près, de trop près », se souvient-il. Sans l'uniforme, il flirtera de nouveau avec la Grande Faucheuse lors de ses périples en parapente au Pérou ou de sa descente de l'Amazone en hydrospeed. Il a failli laisser sa peau au sommet de l'Himalaya L'année dernière, il a bien failli laisser sa peau, seul, au sommet himalayen du Makalu, à 8 463 m, gravi sans corde ni oxygène. « Habituellement, tu restes cinq minutes, tu prends une photo et tu fous le camp. Mais là, j'ai perdu toute notion du temps, je suis resté une heure et demie. J'observais les nuages qui arrivaient comme un cheval au galop et la nuit qui, depuis la vallée, montait vers moi. J'ai alors pris brutalement conscience qu'il fallait redescendre. Je ne sais pas comment j'ai fait ensuite pour survivre », s'étonne le rescapé qui a « la foi dans les moments difficiles ». Au-delà de 8 000 m, dans ce qu'on appelle la « zone de la mort », on n'est « plus la même personne ». C'est là que les égoïsmes les plus inattendus triomphent. « C'est chacun pour sa gueule », résume-t-il. Quand, à cette altitude, il a croisé sur une arête son pote français Fred, à bout de souffle, au « regard vide » et aux « poumons qui commençaient à geler », il n'a pas pris la peine de le raccompagner vers le camp de base. « C'est mon meilleur copain et pourtant, je trace ma route vers le sommet. Je ne réalise pas », se remémore-t-il. Par miracle, son ami abandonné s'en est sorti. Cet amour du risque, ses quêtes multiples de l'impossible, Mike les doit à son père, directeur d'école qui a succombé, lui aussi, à un cancer quand il était adolescent. « Il m'a appris à dépasser l'horizon. Il me répétait : Ce n'est pas le serpent que tu vois devant l'arbre qui va te tuer mais celui qui est derrière, que tu n'as pas imaginé », explique-t-il.

Un voyage intime
C'est à la fois un carnet de voyage extrême et un journal intime. Dans son livre « Vouloir toucher les étoiles », paru jeudi, Mike Horn vend du rêve et de l'adrénaline. Il met ainsi l'accent sur ses récentes pérégrinations sur les cimes de l'Himalaya et sur les océans. Il bombe le torse quand il narre comment, à coups de rafales en l'air, il a fait fuir des pirates au large de la Somalie.
Il redevient modeste lorsqu'il évoque ses trois tentatives avortées (dont la dernière cet été) pour vaincre les 8 611 m du K2, le pic le plus exigeant au monde. Entre deux défis, il fend l'armure. Et c'est là la nouveauté. L'explorateur casse-cou nous plonge dans son enfance, celle où il était libre d'aller où il voulait à condition d'être rentré à 6 heures du soir. Il rend hommage à son père, disparu à 43 ans, qui a eu le temps d'apprendre à « Little Mike » de « regarder au-delà du mur ». Il dédie son opus à Cathy, son « inspiration », son épouse, son organisatrice d'évasion à haut risque, emportée par la maladie le 19 février. Avec cette aventure intérieure, la brute frappe cette fois en plein cœur.
«Vouloir toucher les étoiles», de Mike Horn. XO Editions, 19,90 €.

En 1990, fuyant l'ennui et le confort d'une vie de tradeur de légumes, il atterrit sans un sou à Zurich, en Suisse, l'un des rares pays à accepter, à l'époque encore de l'apartheid, les ressortissants sud-africains. Il se retrousse les manches dans une auberge de jeunesse, fait la plonge dans un hôtel, fabrique de la neige artificielle, devient moniteur de ski, guide de rafting. Puis vit enfin de ses odyssées incroyables, avec la complicité et le sourire de sa compagne. « Je me suis reposé sur elle pendant vingt-cinq ans », remercie-il. Avant que sa boussole ne ferme les yeux à 51 ans, il lui a adressé un ultime message : « Tu pars avant moi mais je te suis bientôt, on se retrouvera de l'autre côté. » Mike Horn, papa d'Annika et de Jessica, 22 et 21 ans, n'est guère pressé de rejoindre le paradis des trompe-la-mort. « J'ai davantage de responsabilités en tant que père », insiste-t-il. Le chagrin vaincu, il a repris du souffle. Il s'apprête à s'envoler vers une île du Panama pour guider les apprentis Robinson lors du tournage de la 2 e saison de « The Island ». Fin décembre, au nord du Pakistan, il entend défier le Nanga Parbat, « la montagne tueuse » jamais domptée en hiver. Et l'année prochaine, il rêve d'un tour du monde d'une seule traite par les deux pôles. « J'adore la vie, elle a encore plus de valeur aujourd'hui », s'enthousiasme cette force de la nature.

source : http://m.leparisien.fr/laparisienne/societe/culture/aventure-mike-horn-l-eternel-survivant-04-10-2015-5153441.php#xtref=http%3A%2F%2Fwww.leparisien.fr%2Flaparisienne%2Fsociete%2Fculture%2Faventure-mike-horn-l-eternel-survivant-04-10-2015-5153441.php

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