La cybercriminalité est la criminalité du XXIe siècle : l'espace numérique est porteur d’une nouvelle économie - Voici le secteur quaternaire

Publié le 25 Octobre 2016

La cybercriminalité est la criminalité du XXIe siècle.

Le prédateur, qui ne manque pas d’intelligence, a compris que l’espace numérique offre désormais le meilleur rapport gain escompté-risque pénal. À chaque mutation économique de la société, il a fait des arbitrages.

Au commencement, lorsque dominait le secteur primaire agricole, il ne pouvait s’en prendre qu’aux personnes, sauf à voler un œuf ou un bœuf… L’apparition du secteur secondaire a favorisé la diffusion des biens manufacturés, donc le vol ou le recel, moins sanctionné pénalement et pouvant être impuni selon la règle “pas vu, pas pris”. Avec le développement du secteur tertiaire des services, banques, assurances, le délinquant s’est orienté vers une délinquance économique et financière (fraudes, blanchiments, escroqueries, etc.) plus difficile à contrer en raison des mécanismes complexes qui la matérialisent.

Aujourd’hui, l’espace numérique est porteur d’une nouvelle économie qui annonce l’émergence d’un nouveau secteur : le secteur quaternaire.

Marc Watin-Augouard, fondateur du Forum international de la cybersécurité (FIC)

Extrait revue « ACTEURS PUBLICS – Avril 2016  »

 

 

« Pour le général d’armée (2S) Marc Watin-Augouard, fondateur du Forum international de la cybersécurité (FIC) et directeur du Centre de recherche de l’école des officiers de la gendarmerie nationale (CREOGN), l’espace numérique est porteur d’une nouvelle économie qui annonce l’émergence d’un nouveau secteur, le secteur quaternaire, dominé par la donnée, cible des cyberdélinquants.

 La cybercriminalité est la criminalité du XXIe siècle.

Le prédateur, qui ne manque pas d’intelligence, a compris que l’espace numérique offre désormais le meilleur rapport gain escompté-risque pénal. À chaque mutation économique de la société, il a fait des arbitrages.

Au commencement, lorsque dominait le secteur primaire agricole, il ne pouvait s’en prendre qu’aux personnes, sauf à voler un œuf ou un bœuf… L’apparition du secteur secondaire a favorisé la diffusion des biens manufacturés, donc le vol ou le recel, moins sanctionné pénalement et pouvant être impuni selon la règle “pas vu, pas pris”. Avec le développement du secteur tertiaire des services, banques, assurances, le délinquant s’est orienté vers une délinquance économique et financière (fraudes, blanchiments, escroqueries, etc.) plus difficile à contrer en raison des mécanismes complexes qui la matérialisent.

Aujourd’hui, l’espace numérique est porteur d’une nouvelle économie qui annonce l’émergence d’un nouveau secteur : le secteur quaternaire.

Il est dominé par la donnée, qui est souvent qualifiée de “nouvel or noir”. Cette donnée, structurée ou non, personnelle ou anonymisée, prend de la valeur :

ü  Elle est un élément essentiel de l’identité des personnes, de la compétitivité des entreprises et de la souveraineté des États.

ü  Elle est extraite comme une matière première, stockée dans les data centers, traitée par les algorithmes, vendue notamment par des data brokers et, bien sûr, dérobée.Cible principale des cyberdélinquants, son acquisition et son exploitation leur permettent de s’en prendre d’une manière indirecte aux personnes (dans leur intégrité physique ou psychique), aux biens (en privilégiant les atteintes au patrimoine immatériel ou financier) et aux services (notamment bancaires).

 Organiser des partenariats public-privé inédits.

Dans ce contexte, jamais le prédateur n’a été aussi proche de sa victime, car Internet abolit les distances; jamais, aussi, il n’a été aussi loin de son juge, pour peu qu’il agisse depuis un État “cybervoyou”, peu regardant ou complice, en profitant de l’anonymat et de la furtivité qu’offre le “réseau des réseaux”.

Dans les quinze ans à venir, un transfert massif des phénomènes criminels du monde réel vers l’espace numérique va s’opérer. Si la communauté internationale ne réussit pas à s’entendre sur des standards communs, si la politique de cybersécurité n’est pas à la hauteur des enjeux, si les citoyens, les entreprises et les États n’en prennent pas conscience, l’avenir sourira aux “nouveaux barbares”. L’heure est donc à la prise de responsabilité, à la mobilisation de tous et de chacun.

Il est encore temps; demain, il sera trop tard. La cybercriminalité sera contenue dans ses manifestations et conséquences à condition d’organiser des partenariats public-privé inédits.

Cette nouvelle forme de criminalité ne pourra, en effet, être combattue par la seule puissance publique. Les acteurs régaliens devront désormais agir en concours avec une offre privée de cybersécurité qui connaît un rapide essor.

Les paradigmes changent, il est urgent que les mentalités et les pratiques épousent le nouveau siècle.

Général d’armée (2S) Marc Watin-Augouard, fondateur du Forum international de la cybersécurité (FIC), directeur du Centre de recherche de l’école des officiers de la gendarmerie. »

[FIC2015] Discours du Général d’armée (2S) Marc Watin-Augouard

CyberTalk n°1 - Les grands enjeux de la cybersécurité

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