Les 7 défis qui attendent l'économie collaborative en 2016

Publié le 9 Novembre 2016

Economie collaborative : "L’accent est mis sur l’usage plutôt que sur la possession et sur l’organisation de citoyens en réseaux via des plateformes internet."

On vit actuellement l’éclatement d’une bulle et il est grand temps de faire la différence entre uberisation et économie collaborative

Anne-Sophie Novel, journaliste et économiste sur les questions d’économie collaborative

Les 7 défis qui attendent l'économie collaborative en 2016

Les 7 défis qui attendent l'économie collaborative en 2016

L’économie collaborative entre dans l’âge mur! Autrefois épiphénomène, volontiers qualifiée de mode par certains, le secteur a bien grandi et représente désormais un marché de plusieurs milliards d’euros et 2016 s'annonce chargée: concurrence déloyale, revenus non déclarés, protection des travailleurs… L’année devrait rimer avec développement mais aussi encadrement. On fait le tour des défis qui attendent l'économie collaborative.

L’économie collaborative, késako?

Mais qu’est-ce que l’économie collaborative au juste?

Le terme d’Uberisation est de plus en plus souvent employé pour qualifier les méthodes de certaines plateformes dites «collaboratives» de type Uber ou Airbnb. Un emploi abusif qui irrite bon nombre d'observateurs et de défenseurs de l'économie du partage (la vraie).

Le collectif OuiShare a ainsi annoncé la mort du concept d'économie collaborative, qui aurait perdu «son pouvoir explicatif».

Pour (re)lancer le débat, 20 Minutes s'est mis à la recherche d'une définition de ce concept, il est vrai, un peu fourre tout, et a finalement retenu celle d’Alternatives Economiques, datant de novembre 2015: «L’économie collaborative désigne un ensemble d’activités visant à produire de la valeur en commun et reposant sur de nouvelles formes d’organisation du travail (structure plus horizontale que verticale, mutualisation des espaces, des outils et des bien). L’accent est mis sur l’usage plutôt que sur la possession et sur l’organisation de citoyens en réseaux via des plateformes internet.»

Les chiffres du secteur

En France, l’économie collaborative représente un marché d’environ 3,5 milliards d’euros. Un chiffre qui devrait être multiplié par trois d’ici à 2018. L’Hexagone représente un marché dynamique où cohabitent pas moins de 276 plateformes collaboratives, dont 70% sont françaises.

Quelques plateformes emblématiques par secteurs/Nomadeis/2014.

Selon les résultats d'une étude Nomadeis/TNS Sofres menée en novembre 2014, la consommation collaborative est un phénomène déjà bien ancré dans les pratiques des français: 89% de la population interrogée déclare avoir déjà «réalisé au moins une fois une pratique de consommation collaborative».

En 2015, près d’un français sur deux a déjà acheté ou vendu à un autre particulier sur Internet.

Etude Nomadéis, TNS Sofres/Novembre 2014

Quelle fiscalité pour les revenus tirés de l’économie collaborative?

Le rapport du député Pascal Terrasse sur l’économie collaborative, remis à Manuel Valls le 8 février dernier, propose quelques pistes de réflexion. Selon le député de l’Ardèche, le cadre fiscal actuel n’a pas besoin d’être réformé pour s’adapter aux pratiques de l’économie collaborative. Néanmoins le texte appelle à clarifier la distinction entre revenus, partage de frais (comme lors d’un covoiturage) et activité professionnelle. Autre piste évoquée par le rapport: que les plateformes collaboratives se chargent elles-mêmes de transmettre le montant des transactions des usagers à l’administration. A noter également qu’à compter du 1er juillet 2016, les plateformes seront tenues d’informer leurs utilisateurs de leurs obligations en matière sociale et fiscale. Oui, car les revenus tirés de l'économie collaborative doivent bien être déclarés.

Economie collaborative et concurrence déloyale

C’est LE dossier chaud en 2016. La colère des taxis, des hôteliers et plus récemment des restaurateurs...Le début de l’année a été marqué par la grogne des professionnels impactés par ce qu’ils jugent être une concurrence déloyale des plateformes collaboratives. Si le service Uberpop a été interdit, les taxis continuent de faire la guerre aux VTC, et vice versa. Une situation extrêmement tendue qui pourrait pousser le gouvernement à prendre ouvertement parti dans ces dossiers.

Quelle protection pour le salarié?

Ils sont des dizaines de milliers en France, du chauffeur de VTC au réparateur occasionnel. Les travailleurs de l’économie collaborative n’ont, pour beaucoup, aucun statut. Résultat: pas d’impôts mais pas de couverture maladie, de retraite ou d’assurance chômage.. Une assurance chômage qui fait aussi défaut aux travailleurs qui ont choisi le statut d’auto entrepreneurs. Alors faut-il créer un nouveau régime pour les travailleurs de l’économie collaborative? La question, peu abordée par le rapport Terrasse, reste ouverte.

Plus de transparence sur les pratiques des plateformes

Le projet de loi pour une République numérique, qui doit passer devant le Sénat en avril prochain, prévoit plusieurs dispositions visant à inciter les plateformes en ligne à plus de transparence. Elles prévoient (entre autres): que les plateformes fassent apparaître de manière «lisible et accessible» le détail du prix total à payer pour le consommateur (commission, frais de livraison, assurances). Elles incitent également les plateformes à «fiabiliser» les avis en ligne (les sites devront informer les usagers sur la manière dont ils contrôlent les avis). Dans son rapport, le député Pascal Terrasse propose également de créer un espace «de notation des plateformes» qui permettraient aux usagers de mieux les comparer.

Remettre le collaboratif au centre de l’économie collaborative

Depuis quelques mois, les critiques se multiplient. Pour Marc-Arthur Gauthey, membre du collectif OuiShare, «l’économie collaborative a été vidée de son sens par les plateformes comme Uber et Aibnb». Un constat partagé par Anne-Sophie Novel, journaliste et économiste sur les questions d’économie collaborative: «On vit actuellement l’éclatement d’une bulle et il est grand temps de faire la différence entre uberisation et économie collaborative.» Selon elle, «l’économie collaborative doit désormais se rapprocher de l’économie sociale et solidaire» et renouer avec les valeurs qui ont fait son succès. L’économiste en appelle aux plateformes qui «doivent se rapprocher des usagers et leur proposer d’être acteurs d’un projet global».

Pour conclure, 2016 devrait donc être une année charnière pour l’économie collaborative.

Le gouvernement, pris de court par l’ampleur du phénomène devrait légiférer pour mieux encadrer ses usages et permettre plus de protection mais aussi plus de revenus pour l’Etat. Un an avant l’élection présidentielle de 2017, le sujet pourrait même s’inviter dans la campagne électorale.

source : http://www.20minutes.fr/magazine/economie-collaborative/perspectives/les-7-defis-qui-attendent-leconomie-collaborative-en-2016/

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