Les algorithmes au coeur de l’économie de l’attention : musique et son sont à l'honneur

Publié le 18 Avril 2018

Les algorithmes au coeur de l’économie de l’attention

Stéphan Eloise Gras est docteur en philosophie et en sciences de l’information. Elle fait une thèse sur l’économie de l’attention en particulier sur la musique et les sons.
 

En l’écoutant, on se rend compte que la musique mais plus largement le son sont au coeur de l’économie de l’attention et que surtout, en qualité de média divertissant par excellence, c’est aussi la première industrie à avoir été totalement disruptée par le digital.

Dès lors, il est évident qu’il existe des enseignements forts pour les autres médias ou typologie de contenus.

Stéphan Eloise en travaillant plus spécifiquement le sujet a eu 2 interrogations majeures:

  • D’abord de comprendre pourquoi on parle mal de la musique en la réduisant à un simple divertissement quand il y a un vrai business derrière mais,
  • aussi de mieux définir sa dimension esthétique ainsi que l’émotion qu’elle transmet.

Des algorithmes pour vous proposer précisément ce dont vous avez envie

Afin de capter l’attention, les industries ont besoin d’avoir un maximum de données sur les individus (like, commentaires, écoutes, consommation de manière générale) afin de générer des profils de goûts.


Il est intéressant de noter que comme pour tous les sens, le son n’échappe pas à une analyse profonde de ces derniers.
Les neurosciences peuvent véritablement définir ce qui nous fait réagir de manière profonde par exemple de comprendre comment la musique nous affecte.

L’algorithme Echo Nest, acheté par Spotify est ainsi capable de croiser des données d’origines acoustiques avec des données d’usage.
Cela a d’ailleurs permis le développement d’algorithme permettant d’analyser l’émotion, par exemple dans la voix pour déterminer ce que vous ressentez au moment ou vous parlez.
Cela permet d’ailleurs d’avoir des propositions de contenus (musicaux ou autres) en fonction de votre humeur du moment.
Au final, comme Stephan Eloise le souligne parfaitement bien, le paradoxe intéressant sur lequel s’appuie les plateformes de streaming est de proposer une expérience unique mais finalement très standardisée.
On ne découvre plus rien, on ne retient plus nécessairement le nom des artistes qui passent dans nos playlists, on consomme la musique.

 

Au final, Stéphan Eloise envisage plusieurs éléments essentiels:

1. La musique a vraiment une antériorité sur toutes les autres industries culturelles et on voit venir la fin d’un monde occulo-centré. Avec une analyse plus fine de l’humain, on a vraiment réussi à disséquer ses capacités à regarder,  goûter, sentir ou entendre évidemment.
En étant la première industrie à être totalement révolutionnée, il est logique que désormais nous revenions à ce média central dans notre attention mais aussi dans nos usages. La voix revient au centre.

2. Il est évident que le web a rendu totalement caduque la quasi intégralité des logiques autour des droits d’auteur et de propriété intellectuelle des contenus en particulier par le développement de l’UGC mais aussi et simplement la reprise et/ou la transformation d’éléments existants. Là aussi la musique montre la voie bien entendu.

3. Il existe une force fictionnelle très forte dans le son qui vient d’un certain rapport au corps.
Finalement, les technologies nous obligent à repenser notre rapport au corps et aux émotions.

Le son va revenir au centre de l’attention

Parce qu’on est de plus en plus dans le marketing expérientiel, nos sens vont être de plus en plus sollicités.
Dans cette quête, il est prouvé dans l’histoire des neurosciences que le son et la musique en particulier ont une place centrale pour déclencher de l’émotion et pour parler directement au coeur.


Il est donc logique que le son revienne au centre.


Toutefois, il ne faut pas associer qualité et expérience selon Stephan Eloise car la manière de définir la qualité peut beaucoup évoluer. La question est de savoir ce que l’on est prêt à accepter et de définir ce qui fait du bien ou ce qui n’en fait plus.

source : https://www.frenchweb.fr/les-algorithmes-au-coeur-de-leconomie-de-lattention/322414?

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