Les nouvelles méthodes de comptage des manifestants suscitent bien des question. Enquête.

Publié le 7 Septembre 2021

On pourrait s'étonner de telle mesure : compter à la main les manifestants, alors que la France est le premier pays d'Europe à généraliser la reconnaissance faciale.

Deux sujets s'ouvrent ainsi à notre curiosité :

  1. le premier , pourquoi ?
  2. le second : n'y aurait-il pas une faiblesse dans le dispositif ainsi mis en place par l'Etat ?

D'après le journal LIBERATION, les vraies raisons tiennent à un facteur essentiel : un nombre faramineux de mobilisations dans tout le pays, réclamant des préparations anticipées qu'il semble trop coûteux  de rendre opérationnelles.

Ainsi le journal LIBERATION écrit dans son article :

Les estimations du ministère de l’Intérieur, concernant les manifestations anti-pass sanitaire, sont (sans surprise) sujettes à critique. Certains s’étonnent qu’elles prétendent mesurer le nombre précis de manifestants.

"Bonjour,

Des chiffres d’une précision étonnante, qui font jaser chaque week-end depuis plusieurs semaines. Après la nouvelle journée de mobilisation anti-pass sanitaire, le 4 septembre dernier, le ministère de l’Intérieur a estimé à 141 655 personnes, très exactement, le nombre de participants à 210 actions à travers la France. Le 21 août, l’Intérieur avait évalué la mobilisation à 175 503 personnes. La semaine d’après, le 28 août, ils étaient 159 484, toujours selon Beauvau."

Une lectrice de Libération

Vous nous interrogez sur les méthodes de calcul utilisées pour mener à de tels chiffres, communiqués à l’unité près. D’autant que cette prétention à la précision n’a pas toujours été de mise.

Elle remonte, concernant le mouvement anti-pass, au 14 août. Ce jour-là, l’Intérieur a comptabilisé un total de 214 845 manifestants. Avant cette date, la communication relevait davantage de chiffres ronds. Ainsi, le 31 juillet, le nombre de 204 090 était avancé et le 24 juillet, celui de 161 000.

Même chose pendant la période gilets jaunes. L’Intérieur (qui comptabilisait le nombre de manifestants au niveau national) a, dans l’immense majorité des cas, annoncé aux médias des chiffres arrondis. Même si l’on retrouve, il est vrai, la mention de 106 301 manifestants mobilisés le 24 novembre 2018, dans cet article de BFM TV.

Le mouvement anti-pass sanitaire a cette particularité de s’étendre sur 210/220 actions à travers la France. Sur les rassemblements qui comptent plusieurs milliers de personnes, nous utilisons le comptage à partir d’un point fixe sur une ligne. Si on estime par exemple qu’une ligne comporte trente personnes, il suffit ensuite de compter les rangées. Le résultat de cette méthode est considéré comme fiable, mais demeure approximatif

le Sicop, service de communication de la police nationale

concernant les très petits rassemblements, qui parfois regroupent 35 personnes par exemple, nous avons le renseignement territorial, qui fonctionne à partir de référents dans les brigades locales de police et de gendarmerie. Dans ces cas-là, on est forcément sur du comptage tête par tête. Les référents remontent alors ces chiffres à l’unité près, qui sont ensuite regroupés et additionnés au niveau national.

le Sicop, service de communication de la police nationale

Renseignements territoriaux

Sollicité par CheckNews, le Sicop, service de communication de la police nationale, revient sur la méthode de comptage mise en œuvre : «Le mouvement anti-pass sanitaire a cette particularité de s’étendre sur 210/220 actions à travers la France. Sur les rassemblements qui comptent plusieurs milliers de personnes, nous utilisons le comptage à partir d’un point fixe sur une ligne. Si on estime par exemple qu’une ligne comporte trente personnes, il suffit ensuite de compter les rangées. Le résultat de cette méthode est considéré comme fiable, mais demeure approximatif.» D’où l’arrondi. Mais «concernant les très petits rassemblements, qui parfois regroupent 35 personnes par exemple, nous avons le renseignement territorial, qui fonctionne à partir de référents dans les brigades locales de police et de gendarmerie. Dans ces cas-là, on est forcément sur du comptage tête par tête. Les référents remontent alors ces chiffres à l’unité près, qui sont ensuite regroupés et additionnés au niveau national.»

Cette méthode a-t-elle changé dernièrement, expliquant le passage, mi-août, de chiffres arrondis à des valeurs plus précises ? Non, nous répond-on. De fait, des articles de presse de 2018 rapportaient déjà le recours aux renseignements territoriaux à l’époque des gilets jaunes. L’explication serait donc davantage à trouver, nous indique-t-on, du côté de l’agent qui communique les estimations aux médias. Le chiffre donné dépendant donc du choix de l’arrondi ou d’une lecture stricte du rapport des renseignements.

De fait, cette explication d’un résultat précis par la présence de petits rassemblements, aisément quantifiables, est également avancée par le «Nombre jaune», du nom d’un groupe Facebook privé créé au moment de la mobilisation des Gilets jaunes afin de comptabiliser le nombre de personnes investies face aux chiffres avancés par les autorités.

Car s’il existe encore un écart qui tient parfois du simple au double entre les chiffres de Beauvau et ceux du Nombre jaune, les bénévoles de ce collectif communiquent eux aussi à l’unité près. Ainsi, le 28 août, leur estimation était de 323 294 manifestants et le 21 août, de 361 818 manifestants sur 208 rassemblements.

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Nous mêlons plusieurs méthodes de comptage, qui prennent en compte les manifestations qui se déroulent sur l’intégralité du week-end, du vendredi soir au dimanche midi

Valérie, bénévole pour le Nombre jaune

La plus courante est celle d’un décompte, tête par tête, à partir de vidéos de cortèges complets qui nous sont remontées par les participants. Quand on n’a pas de vidéo, on passe par la presse locale. Surtout, si on aboutit à un résultat à la personne près, c’est parce que sont incorporées dans nos remontées des occupations de ronds-points comprenant par exemple huit personnes, où il est aisé d’obtenir le chiffre précis et exact

Valérie, bénévole pour le Nombre jaune

Occupations de ronds-points

«Nous mêlons plusieurs méthodes de comptage, qui prennent en compte les manifestations qui se déroulent sur l’intégralité du week-end, du vendredi soir au dimanche midi», nous explique Valérie, bénévole pour le Nombre jaune. «La plus courante est celle d’un décompte, tête par tête, à partir de vidéos de cortèges complets qui nous sont remontées par les participants. Quand on n’a pas de vidéo, on passe par la presse locale. Surtout, si on aboutit à un résultat à la personne près, c’est parce que sont incorporées dans nos remontées des occupations de ronds-points comprenant par exemple huit personnes, où il est aisé d’obtenir le chiffre précis et exact.»

Ce sont les mêmes raisons que pour les gilets jaunes qui nous ont fait renoncer, explique Assaël Adary, président d’Occurrence. Notre méthode demande deux heures d’installation [des capteurs positionnés à huit mètres de hauteur, ndlr], donc cela nécessite que les manifestations soient déclarées en amont, sur un parcours balisé. Surtout, la multiplicité des événements multiplie les équipes techniques. Ce qui serait possible, mais cela exige de l’anticipation, et donc de connaître en amont les cortèges fiables en termes de parcours, partout en France

Assaël Adary, président d’Occurrence

A noter, enfin, que la multiplication de points de rassemblements au sein de ce mouvement de contestation est la raison pour laquelle le cabinet Occurrence (mandaté par un collectif de médias, dont Libération) ne se penche pas sur ce mouvement.

«Ce sont les mêmes raisons que pour les gilets jaunes qui nous ont fait renoncer, explique Assaël Adary, président d’Occurrence. Notre méthode demande deux heures d’installation [des capteurs positionnés à huit mètres de hauteur, ndlr], donc cela nécessite que les manifestations soient déclarées en amont, sur un parcours balisé. Surtout, la multiplicité des événements multiplie les équipes techniques. Ce qui serait possible, mais cela exige de l’anticipation, et donc de connaître en amont les cortèges fiables en termes de parcours, partout en France.» 

En attendant de trouver une solution, le cabinet se dit prêt à amorcer une discussion avec le Nombre Jaune, afin de mutualiser, notamment, les remontées visuelles.

Nul doute qu'en lisant les QR-CODES des manifestants  ce serait plus facile.

source : https://www.liberation.fr/checknews/pourquoi-le-nombre-de-manifestants-anti-pass-sanitaire-est-communique-a-lunite-pres-par-la-police-20210906_GXLHR76VWFGQLPP3623RUIYH7E/

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