Pourquoi Facebook doit rester en dehors du métavers

Publié le 25 Octobre 2021

Ces mondes virtuels fictifs pourraient permettre au réseau social de collecter encore plus de données sur nos personnalités

 

Un mot nouveau s’installe dans les conversations entre amis ou dans la presse généraliste : métavers.

Et pour cause, Facebook a annoncé développer une technologie qui permettra de concrétiser le passage vers cet ailleurs virtuel data-isé et algorithmisé où les hommes en chair et en os que nous sommes navigueront. Le métavers qui est une contraction de méta-univers, décrit un monde parallèle et virtuel historiquement imaginé et conçu par les acteurs du jeu vidéo. Par cette concrétisation technologique excitante intellectuellement, on peut craindre que Facebook ne maîtrise encore davantage nos comportements en s’imposant sur le marché de la vie et des rapports numérisés. Même si le métavers mérite d’être exploré pour diverses raisons, il ne devrait peut-être pas être entre les mains d’une société comme Facebook.

Depuis longtemps, la construction de mondes virtuels est explorée dans le domaine du divertissement à travers les jeux vidéo, mais pas uniquement. La formation des pilotes d’avion par les simulateurs de vol, l’éducation ou encore le traitement de certaines douleurs et de l’isolement sont des applications qui bénéficient de la virtualisation numérique du monde. Les enjeux scientifiques et techniques sont également excitants avec des répercussions sur d’autres domaines. La vision par ordinateur (ou computer vision en anglais) – une discipline qui consiste entre autres à construire des modèles algorithmiques capables d’analyser des photos et des vidéos et de répondre en retour, en temps quasi réel – en fait partie. Dans cette idée, Facebook embauche des milliers de talents en Europe pour s’attaquer à ce défi scientifique et technologique encore une fois stimulant intellectuellement.

Virtualisation renforcée de la vie sociale

Mais ce projet n’est en réalité que l’arbre qui cache la forêt, ou la face visible de l’iceberg de la stratégie – supposée ici – de Facebook. Par la prise en main technologique de cet univers et de ses usages par les individus, la compagnie peut collecter un nombre gigantesque d’informations concernant nos personnalités, nos interactions avec l’autre, nos désirs, voire nos peurs. Ces informations une fois structurées peuvent devenir un levier formidable pour alimenter encore davantage – pour ne pas dire renforcer – le modèle économique de la société déjà largement critiqué.

On collecte des données sur les individus à travers leurs caractéristiques statiques – comme le genre, l’âge, le lieu d’habitation… – et dynamiques – comme le comportement. Sur les réseaux sociaux, ces comportements sont matérialisés par les posts que nous aimons et que nous partageons, ou encore le type et la fréquence de nos commentaires. Cela étant dit, on comprend bien l’importance du métavers pour collecter encore plus d’informations en passant à un niveau supérieur dans la simulation de nos comportements. Cela inclut nos interactions avec les autres, mais aussi vis-à-vis d’une situation ou dans un scénario donné. Par cette virtualisation renforcée de la vie sociale, on pourrait alors analyser plus finement notre caractère, nos attitudes, et nos goûts dans le but d’anticiper nos réactions ou de nous proposer du contenu – commercial – davantage ciblé. C’est pourquoi les motivations d’une entreprise comme Facebook sont discutables connaissant les cas historiques de dérives et de scandales dans le monde des réseaux sociaux.

Vous l’aurez compris, le métavers a un avenir passionnant à explorer, et ce, dans de nombreuses applications !

Mais il ne faudrait pas qu’il soit utilisé par certains acteurs dans le but de connaître notre vie dans les moindres détails pour nous orienter encore et toujours, quitte à nous mettre dans des cases rigides et sans saveur.

source : https://www.lepoint.fr/invites-du-point/aurelie-jean-pourquoi-facebook-doit-rester-en-dehors-du-metavers-24-10-2021-2449041_420.php

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