François Asselin, nouveau patron de la CGPME, peut-il exister face au Medef ?

Publié le 13 Juin 2015

François Asselin, nouveau patron de la CGPME
François Asselin, nouveau patron de la CGPME

François Asselin, nouveau patron de la CGPME, peut-il exister face au Medef ?

C'est un patron encore méconnu qui arrive à la tête de la CGPME. François Asselin devra occuper le terrain face à l'omniprésent Medef.

Voilà un coup de jeune pour l'organisation patronale concurrente du Medef. Après douze ans sous la présidence de Jean-François Roubaud, 70 ans, la CGPME porte à sa tête, François Asselin, la cinquantaine, inconnu du grand public. Elu avec 97% des voix, ce natif de Thouars (Deux-Sèvres), se présente lui-même comme un "provincial". "Il a une vraie légitimité entrepreneuriale, et le profil de son entreprise correspond à celles de nos adhérents", relève un membre de l'organisation.

Qui est ce nouveau porte-drapeau? Ce n'est qu'à 29 ans qu'Asselin plonge dans l'univers de la société paternelle, lui qui a démarré sa carrière dans le marketing pour une entreprise allemande. Il dirige aujourd'hui la PME familiale de menuiserie et d'ébénisterie d'art, spécialisée dans la rénovation de bâtiments historiques (14,5 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2014 et 140 salariés). Ce père de 4 enfants, passionné d'histoire du XVIIIe, a participé à la rénovation du château de Versailles, du Palais Garnier ou de la Villa Médicis. De beaux succès. Mais il connaît aussi les difficultés du secteur du bâtiment: baisse des commandes publiques, mise en place du compte pénibilité depuis le 1er janvier, concurrence de la main d'œuvre détachée et du travail illégal.

Multicartes et concret

Cet homme discret cache un deuxième atout dans sa manche: 20 ans de militantisme syndical en bandoulière. Homme de terrain, il a fait ses premiers pas comme élu à la CGPME des Deux-Sèvres en 2009, avant de grimper à la direction de la CGPME Poitou-Charentes. Multicartes, il assure la vice-présidence de la Fédération française du bâtiment depuis 2008. "Ses points forts sont un sens du concret et des relations interentreprises, raconte Jacques Chanut, président de la fédération. Il sait se mettre à la place des sous-traitants et des prestataires".

Dans Le Figaro du jour, le patron développe sa stratégie: "Primo, encourager la prise de risques. Secundo, valoriser la valeur travail alors qu'elle est toujours écornée. Tertio, je pense qu'il faut moins de sécurité et plus de liberté dans le domaine économique". Un observateur relève: "Asselin porte un discours offensif, mis en branle par Roubaud qui a organisé la première manifestation de rue des patrons depuis 1999, le 1er décembre".

Discours audacieux

Face au Medef, il cherche à se différencier pour grappiller de nouveaux électeurs. Il y a de la marge: seulement 15% des entreprises sont syndiquées. "La CGPME ne doit pas hésiter à être audacieuse", précise-t-il. Evitant soigneusement de tacler le frère ennemi, Asselin lâche que "si le Medef a les mêmes idées, on ne sera pas trop de deux pour se faire entendre…"

Ces dernières semaines, l'opposition entre les deux organisations s'est dessinée lors de la négociation sur le dialogue social, qui se termine ce jeudi. La CGPME reproche au Medef d'"échanger un allègement des contraintes pesant sur les entreprises de plus de 50 salariés contre de nouvelles obligations". Elle ne juge pas utile, voire dangereux, d'organiser une représentation stricte dans les entreprises de moins de 11 salariés, car le dialogue social aurait déjà lieu directement entre les patrons et leurs employés. En désaccord, Pierre Gattaz a balancé mardi dernier: "La CGPMEn'a pas le monopole de la représentation des TPE-PME". La bataille ne fait que commencer.

Léa Lejeune pour ChallengeSoir

source : http://www.challenges.fr/economie/20150121.CHA2397/francois-asselin-nouveau-patron-des-pme-peut-il-exister-face-au-medef.html​

La CGPME n'a pas le monopole de la représentation des TPE-PME

Pierre Gattaz, Président Medef

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