LE RETOUR EN FORCE DU PC PORTABLE

Publié le 21 Avril 2021

« Il faut remonter dix ans en arrière pour retrouver de tels volumes de vente »

cabinet IDC

À 90%, c’est la crise sanitaire qui est à l’origine de cette croissance du marché du PC. Il n’y a pas eu d’avancées technologiques suffisantes pour expliquer le phénomène

Kristel Delnesse, manager des chefs de produits postes clients France chez Dell Technologies

La dynamique est désormais d’avoir un ordinateur par personne et non plus un par foyer

Denis Pioletti, responsable PC professionnels chez HP

 Il y a un basculement vers le haut de gamme tiré par le gaming et les besoins en ultra-mobilité. Cela se traduit par une attention particulière portée par les clients vis-à-vis de la robustesse des machines, de leurs performances et de leur autonomie 

Vincent Labbay de HP

Le PC as a Service va se développer. La demande est croissante et cela représente l’avenir

Dell

LE RETOUR EN FORCE DU PC PORTABLE

302  millions de PC livrés en 2020,

soit une hausse de 13,1% par rapport à 2019.

Les mesures sanitaires visant à enrayer l’épidémie du Covid-19 ont entraîné un développement sans précédent du télétravail et de l’école à domicile. Une aubaine pour les fabricants de PC qui ont vu leurs ventes renouer avec les niveaux de 2010. Le gros de la demande consommateur s’est porté sur des ordinateurs portables polyvalents et peu encombrants, avec disque SSD de 256 Go, écrans de 14 à 15 pouces, pour un prix moyen de 650 euros. Article paru dans L’Informaticien n°194.

Après plusieurs années de flottement, alternant des épisodes de faible croissance et de régression, le marché du PC a battu des records en 2020. « Il faut remonter dix ans en arrière pour retrouver de tels volumes de vente », note le cabinet IDC, qui comptabilise 302  millions de PC livrés en 2020, soit une hausse de 13,1% par rapport à 2019.

La France suit cette tendance mondiale, avec une croissance de 9 %, toujours selon IDC. De quoi redonner le sourire aux principaux fabricants de PC, qui voient enfin la lumière au bout du tunnel. « En début d’année nous n’étions pas très optimistes. Les consommateurs privilégiaient l’achat d’un smartphone, plutôt que d’un PC », confie Mustapha Nhari, DG chez Asus France. « Mais le Covid-19 a accéléré la transformation digitale de notre façon de travailler et de consommer de l’IT. L’année 2020 signe le retour du PC au premier plan.» Même son de cloches côté distributeurs : « L’année est exceptionnelle avec un marché global à +16%, du jamais vu depuis 2003 ! », indique le groupe Fnac Darty.

Plus que les PC fixes, c’est le segment du PC portable qui profite de cette embellie du marché. En 2020, il s’est ainsi vendu en France 3,6 millions de PC portables, selon GfK Market Intelligence France, soit une hausse de 7%. Ce segment représente aujourd’hui deux tiers des ventes chez les principaux fabricants, contre moins d’un tiers pour les desktops.

Côté timing, c’est l’approche du premier confinement qui a marqué une accélération des ventes. Un deuxième pic a également été observé lors du déconfinement. « Les entreprises françaises ont dû basculer vers le télétravail en urgence. Nous avons donc observé un pic des ventes en mars, juste avant le premier confinement. Puis en mai, les achats ont de nouveau augmenté », explique Éric Lallier, directeur général de Lenovo France. Selon les fabricants, les ventes se sont ensuite maintenues à un niveau élevé jusqu’à la fin de l’année.

Notons enfin que cette explosion des ventes concerne aussi bien le marché grand public que celui des entreprises. « Sur le marché pro, nous constatons la même croissance de la demande que sur le marché consumer », observe ainsi Vincent Labbay, directeur commercial PC France chez HP.

Comment expliquer le phénomène ?

TÉLÉTRAVAIL ET ÉCOLE À DOMICILE

Les constructeurs évoquent sans détours la crise sanitaire et plus précisément deux conséquences majeures de mesures gouvernementales : la généralisation du télétravail et le développement de l’école à domicile. « À 90%, c’est la crise sanitaire qui est à l’origine de cette croissance du marché du PC. Il n’y a pas eu d’avancées technologiques suffisantes pour expliquer le phénomène », souligne ainsi Kristel Delnesse, manager des chefs de produits postes clients France chez Dell Technologies.

Concrètement, le télétravail et l’école à domicile ont favorisé le multi-équipement des ménages. « La dynamique est désormais d’avoir un ordinateur par personne et non plus un par foyer », résume Denis Pioletti, responsable PC professionnels chez HP. Ce constructeur table ainsi sur trois PC par foyer à l’horizon 2024 dans les pays développés. En entreprise, l’urgence de la crise sanitaire a surtout entraîné une accélération des renouvellements de matériel déjà prévus mais pas encore réalisés. « Il y avait quelque chose de latent chez bon nombre d’entreprises. Elles avaient prévu de renouveler leurs équipements d’ici deux à trois ans, et ont dû le faire finalement en 2020 », indique-t-on chez Dell.

DISQUE SSD ET ÉCRAN 14 À 15 POUCES

Le télétravail et l’école à domicile ont orienté la demande consommateur vers les ultra-portables, des machines polyvalentes et peu encombrantes. Selon GfK Market Intelligence, les ventes d’ultra-portables (<21 mm) ont ainsi augmenté de 25% en 2020, alors que celles des portables classiques n’ont gagné que 6%.

Côté caractéristiques, ces ultra-portables intègrent tous des disques dur SSD (Solid State Drive) d’une capacité moyenne de 256 Go, avec seulement quelques modèles récents grimpants jusqu’à 1 To. Une capacité de 256 Go est-elle suffisante ? Les fabricants mettent en avant un stockage grandissant des données dans le Cloud, surtout sur le segment professionnel. « Les entreprises préfèrent que les données de leurs collaborateurs soient stockées sur leur SI plutôt qu’en local sur les PC portables, donc un SSD de 256 Go est suffisant pour la plupart des usages », indique Kristel Delnesse chez Dell Technologies.

Autre caractéristique notable : l’écran. Les modèles phares de 2020 intègrent des écrans de 14 à 15 pouces. Les PC portables à large dalle n’ont manifestement plus le vent en poupe. Mais cela n’empêche pas les utilisateurs de connecter leur ultra-portable sur un écran plus large, selon le principe de l’écran déporté. Un comportement utilisateur qui serait de plus en plus courant, indiquent les fabricants, qui observent tous une explosion des ventes de leurs écrans informatiques. Concernant la connectique : l’USB-C s’impose comme la norme et le WiFi 6 (IEEE 802.11ax) équipe l’ensemble de ces machines. Rappelons que le WiFi 6 permet des vitesses théoriques de 9,6 Gbps, contre 3,5 Gbps pour le WiFi 5 (802,11ac). Quant à la 5G, elle n’est pas encore accessible sur l’ensemble de ces modèles phares de 2020, mais elle devrait se démocratiser d’ici un à deux ans, indiquent les fabricants.

Enfin, tous les acteurs mettent en avant un fort intérêt des consommateurs pour un composant devenu essentiel à leurs yeux : la webcam. La qualité de son optique, ses performances en haute définition et la gestion de son flux vidéo, sont désormais des critères d’achat. « Nos clients demandent régulièrement les spécifications des webcams embarquées. C’est tout à fait nouveau et lié aux nombreuses réunions en visioconférence ou… peut-être aux e-apéros en famille et entre amis que nous avons tous expérimentés », souligne le groupe Fnac Darty.

UN GLISSEMENT VERS LE HAUT DE GAMME

Par rapport à 2019, les achats de PC portables de 2020 se sont portés sur des machines un peu plus haut de gamme. Selon IDC, le prix moyen 2020 pour un PC portable est d’environ 650 euros, soit une en hausse d’un peu plus de 40 euros par rapport à 2019. Selon les fabricants, cette «premiumisation» s’explique par le souhait de disposer d’une machine disposant d’une autonomie confortable, d’environ une journée (10 à 12 heures), permettant de travailler dans de bonnes conditions et capable aussi de faire tourner des jeux récents. « Il y a un basculement vers le haut de gamme tiré par le gaming et les besoins en ultra-mobilité. Cela se traduit par une attention particulière portée par les clients vis-à-vis de la robustesse des machines, de leurs performances et de leur autonomie », résume Vincent Labbay de HP.

Côté système d’exploitation, Windows équipe toujours la grande majorité de ces ordinateurs. Au niveau mondial, une grande nouveauté de 2020 est cependant l’explosion des ventes de Chromebooks. Ils ont pour la première fois de leur histoire supplanté les machines d’Apple, en accaparant 10,8% du marché contre 7,5% pour la plate-forme MacOS. Mais en France, la situation est très différente. Les Chromebooks ne représentent que 2 à 6% des ventes des principaux constructeurs. « Nos ordinateurs Chromebook connaissent un franc succès aux États-Unis et au Royaume-Uni grâce aux commandes du secteur éducatif. En France, ce n’est pas le cas, car le secteur de l’éducation reste très attaché à la plate-forme Windows », explique Denis Pioletti chez HP. Autre explication : « Les Chromebooks requièrent une infrastructure cloud et réseau que n’ont pas toutes les écoles en France », avance Patrick Lebeau, clients technologist chez Lenovo France. D’autres sources évoquent des problématiques liées à la « mauvaise image tenace» de Google concernant le respect de la vie privée et l’exploitation des données personnelles, qui ralentirait son adoption auprès de l’Éducation nationale.

DE BONNES PERSPECTIVES 2021, MALGRÉ LA PÉNURIE DE COMPOSANTS

Selon les principaux acteurs du secteur, l’effet positif de la crise sanitaire sur le marché du PC ne va pas s’estomper en 2021. La demande n’aurait pas encore été totalement pourvue en 2020 et les ventes devraient donc se maintenir à un niveau élevé sur les 6 à 9 mois à venir. « Nous sommes très confiants sur ce secteur pour l’année 2021 : le télétravail s’est durablement installé dans nos vies et le restera post crise covid19 », estime le groupe Fnac Darty. Un avis partagé par Lenovo. « Nous nous orientons vers un modèle hybride, avec une partie du temps de travail au bureau et une partie à la domicile. Il va falloir suivre cette tendance et les ventes de PC devraient donc continuer à être soutenues », prédit Éric Lallier.

Le modèle du PC en location, ou « PC as a Service », devrait également se développer en entreprise, estiment plusieurs fabricants. Le principe est simple : plutôt que d’acheter le PC, il est loué pour 25 à 30 euros par mois, avec un renouvellement du matériel environ tous les trois ans. « Le PC as a Service va se développer. La demande est croissante et cela représente l’avenir », assure Dell. « En 2021, nous allons multiplier les actions commerciales avec nos partenaires pour proposer ce type de formule, associés à des services applicatifs comme Microsoft Office 365 », indique également Lenovo. Seule ombre au tableau de l’année 2021, la pénurie de composants électroniques qui touche notamment les circuits imprimés et les dalles d’écrans. En ce début d’année, la situation est déjà tendue et elle risque de s’aggraver dans les mois à venir. Les constructeurs n’écartent pas le risque de retards de livraison. Mais ils n’anticipent pas d’indisponibilités des machines. « L’année 2021 sera sous tension. À nous de gérer la logistique pour répondre au mieux à la demande », conclut Mustapha Nhari chez Asus France

source : https://linformaticien.com/le-retour-en-force-du-pc-portable/ce : 

Repost0
Commenter cet article